La France et les Maronites – Nasri Salhab

La France et les Maronites
 

by Nasri Salhab

Oscillant entre l’analyse et la documentation historique, voilà un ouvrage qui jette une lumière éclairante sur un rapport largement commenté mais peut-être mal connu, celui de la France et des maronites. Edité en langue française par Dar el-Machreq et signé de la plume de Nasri Salhab, l’ouvrage intitulé justement et très à propos «La France et les maronites» (245 pages) traite d’une relation séculaire non d’Etat à Etat mais d’un Etat avec une communauté. Nasri Salhab, fin lettré qui manie aussi bien le français que l’arabe, n’en est guère là à son premier ouvrage. On cite volontiers ses écrits sur le «Christ», sur «Mahomet» et ses réflexions sur «la rencontre du christianisme et de l’islam» ainsi que les «Valeurs morales de l’islam». Plus de huit ouvrages qui jalonnent une carrière riche où cet auteur concerné par les notions spirituelles et politiques a aussi rempli successivement des fonctions de magistrat, de mohafez de la Békaa, d’ambassadeur du Liban en Algérie et actuellement d’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège. Essai historique généreusement documenté sans jamais friser une fastidieuse érudition, ce livre retrace un phénomène pratiquement unique dans l’histoire. Ce ne sont pas en effet des rapports d’Etat à Etat mais d’un Etat, grande puissance de surcroît, avec une communauté numériquement restreinte, mais qui a joué un rôle historique remarqué dans les pays du Levant et surtout au Liban. Brûlante actualité pour un livre qui sort comme un texte-cri à un moment «critique» de l’histoire actuelle des maronites? «Non, confie avec humour Nasri Salhab, c’est plutôt une actualité brûlante qui entoure cet écrit. J’ai voulu faire œuvre de vérité pour laisser entendre aux maronites qu’ils peuvent toujours avoir confiance en ce pays dont «l’amitié» remonte à Charlemagne. Les maronites ont aujourd’hui l’impression d’être marginalisés. Ils sont en quelque sorte «démoralisés». Par ce livre j’ai voulu qu’ils sachent et surtout qu’ils prennent conscience qu’il y a un Etat — la France — qui demeure leur ami. De toute façon les maronites ont été et seront toujours un trait d’union entre le Liban et la France».

Si cette relation «privilégiée» entre la France et les maronites, charriant plus d’un vecteur social, politique et culturel, est un fait bien établi et souvent évoqué, l’auteur ne s’appesantit guère sur les apparences ou les notions communes mais donne ici aux «faits» et à l’histoire droit de parole. Preuves à l’appui, il fait remonter les relations entre les maronites et la France bien loin avant les croisades, jusqu’à Charlemagne.

Il retrace les différentes étapes historiques de ces rapports en passant par Saint Louis, Louis XIV (authentique «protecteur» des maronites, son portrait fut placé dans la sacristie de Notre-Dame de Quannoubine, au Liban-Nord) Louis XV, Louis XVI, le Consulat, le Grand Empire jusqu’au mandat. Tout en ne négligeant guère les rapports culturels, répertoriant ainsi les écrivains français qui ont parlé des maronites (François de Chasteuil, F. Piquet, J. de la Roque, A. de Lamartine, l’Abbé F. Nau, Napoléon Aubanel et le père H. Jalabert) ainsi que les auteurs maronites francophones tels Charles Corm, Chékri Ghanem, Khalil Ghanem, l’Abbé Y. Moubarak et le fondateur du cénacle libanais Michel Asmar. Chiffres à l’appui, Nasri Salhab mentionne les institutions éducatives françaises (les jésuites, les Frères des Ecoles chrétiennes, l’Ordre franciscain, les filles de la Charité Saint Vincent de Paul etc.) qui ont servi le Liban et partant les maronites. L’auteur consacre aussi un long chapitre à l’intervention de la France au Liban lors des événements sanglants de 1860.

Ecrit dans un esprit d’ouverture, d’information et une volonté de souligner des vérités oubliées ou ignorées, ce livre est animé d’un souffle où se confondent témoignage, espoir, vie. Et Nasri Salhab de conclure: «Les tragiques événements qui, depuis 1975, ont ébranlé notre pays devront nous servir de leçon: le plus grand service que la France puisse rendre au maronites c’est de les convaincre que leur salut et leur devenir passent nécessairement par une entente franche et loyale avec leurs compatriotes musulmans ainsi que par leur ouverture sur les pays arabes. D’un autre côté le plus grand service que les maronites puissent rendre à la France c’est de l’encourager à entretenir les meilleures relations avec les musulmans libanais en particulier et avec le monde arabe en général. Les circonstances actuelles s’y prêtent à merveille».

Language: French
ISBN: 9782721470249
1997, paperback, 246 pages, 23 cm

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